Le match de foot opposant les Bleus aux Rouges est retransmis par les télévisions du monde entier. La rencontre s’est terminée par un match nul sur le score de deux buts partout. La télévison, toutefois, par un subtil montage, a modifié les deux dernières minutes du match. Les milliards de téléspectateurs ont vu les Bleus marquer un troisième but à la dernière des 90 minutes. Sur internet, la même fausse information a été donné : les Bleus ont gagné par 3 buts à 2. Le lendemain, tous les journaux ont parlé de «la victoire des Bleus grâce à un but inscrit à l’ultime minute du match». L’arbitre qui était lui aussi complice à écrit dans son rapport que les Bleus avait gagné. Qui va croire les 80 000 personnes qui étaient au stade et qui avaient vu de leurs propres yeux que la rencontre s’est terminée sur le score de deux buts partout ? L’équipe des Rouges, son président et son coach seront considérés comme de mauvais perdants. Qui croire? la «vérité» virtuelle vue par des milliards de personnes ou la vraie vérité vue par quelques milliers de personnes ?
«Le printemps arabe» est une illusion, un mirage. Il n’a jamais eu lieu. Ce n’est qu’une éxpérience qui a mal tourné. L’idée au départ était de vérifier à quel point les médias peuvent influencer les gens et leur faire croire à quelque chose qui, en réalité, n’existe pas. Les plus grands médias du monde et les réseaux sociaux devaient donner les mêmes informations et les mêmes images sur des événements fictifs. Les Américains voulaient aussi expérimenter une nouvelle arme à double tranchant capable du meilleur comme du pire. Ainsi une série de sattelites géostationnaires inondent les cerveaux des hommes de données, d’informations et parfois d’ordres, comme celui de sortir manifester dans la rue ou d’être «en colère» ou de mauvaise humeur. L’éxpérience devait durer trois jours pas plus. Passé ces trois jours qui virtuellement devaient ébranler le monde arabe, les choses devaient se calmer et les eaux reprendre leur cours naturel. Le but suprême de cette expérience était de mettre en garde l’humanité contre le risque d’une future dépendance de l’homme à la machine.
Mais les choses malheureusement ont pris une tournure inattendue. La machine et sa redoutable intelligence artificielle a réellement pris le pouvoir. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde virtuel dans lequel les êtres humains sont gardés sous contrôle. L’apparition des robots, au service de l’homme puis celle de l’intelligence artificielle a entraîné une confrontation entre humains et machines, lesquelles ont finalement fabriqué leur propre domaine et concurrencent directement celui des humains. «Nous vous l’avions bien dit, ça devait arriver : à force de produire des machines pour vous servir, vous êtes devenus vous-mêmes les esclaves de vos instruments», avait pourtant prévenu Patrice Maniglier dans Mécanopolis, Cité de l’avenir (Matrix, machine philosophique).
Les Machines ont besoin d’energie. Elles ont donc créé la Matrice (Matrix), un univers virtuel dans lequel les humains sont projetés sous forme d’avatars, et peuvent s’y épanouir, de sorte que leurs cerveaux produisent une activité électrique en réaction aux stimulus virtuels, et apportent ainsi une quantité d’énergie considérable aux machines. Les humains n’ont donc pas conscience de la réalité et du «monde qu’on superpose à leur regard».
«La Matrice est universelle. Elle est omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même. Tu la vois chaque fois que tu regardes par la fenêtre, ou lorsque tu allumes la télévision. Tu ressens sa présence, quand tu pars au travail, quand tu vas à l’église, ou quand tu paies tes factures. Elle est le monde, qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité», explique Morpheus, un des rares humains libres.
Mais la résistance continue. Quelques dizaines de milliers de vrais humains se battent contre la Matrix, ses agents et aussi contre les hackers cyniques qui, satisfaits de la «réalité» virtuelle générée par les machines, préfèrent conserver leur business d’exploitation des programmes.
Les hommes libres attendent l’apparition de l’élu qui peut jouer avec les paramétres du monde virtuel. Les Humains libres voient en l’Élu le sauveur de l’humanité, attendant de lui qu’il apporte la victoire définitive sur les machines et la libération des prisonniers de la Matrice.
En attendant, les hommes ont le choix entre la pilule rouge qui permet d’ouvrir le yeux et de savoir ce qu’est la Matrice, ou la pilule bleue qui, elle, fait voir le monde tel que le veut la Matrice universelle.
C’est comme le choix proposé par Morpheus à Néo : «Tu prends la pilule bleue, l’histoire s’arrête là, tu te réveilles dans ton lit, et tu crois ce que tu veux. Tu prends la pilule rouge, tu restes au Pays des Merveilles et je te montre jusqu’où va le terrier. Je ne peux que te montrer la porte. C’est à toi qu’il appartient de la franchir. Je n’ai pas dit que ce serait facile, Néo. j’ai dit que ce serait la vérité.»
K. B.
21 juillet 2015
Un mensonge, deux vérités
Par Kader Bakou