Camarade Gourkoff, ramenez-les sur Terre !

Par Maâmar Farah
Je lis, ça et là, que la FIFA aurait injustement fait perdre à l’Algérie deux points dans son classement post-Mondial. Pourtant, il me semble que l’organisation internationale du football est on ne peut plus honnête : elle sanctionne sur la base des résultats et notre bilan au Mondial n’est pas aussi reluisant qu’on le pense. Nous avons toujours tendance à placer nos sentiments avant toute vision objective des choses. Certes, nous sommes «montés» en huitièmes de finale. Pour la FIFA, c’est un fait commun, banal. Le Maroc et d’autres pays de notre continent y ont accédé avant nous. L’Arabie Saoudite aussi y est parvenue. Pas de quoi bouleverser un classement qui fait reculer le Brésil de plusieurs places alors que ce pays a joué quand même la demi-finale ! La FIFA te reconnaît quand tu gagnes. Elle ne donne pas des primes à la défaite ! Nous oublions peut-être que nous avons perdu deux matches : contre la Belgique et l’Allemagne. Ces deux rencontres sont identiques en termes de résultat et de score. Ce n’est pas la FIFA qui va vous dire : «Vous avez mal joué contre la Belgique, je vous retire deux points et comme vous avez bien joué contre l’Allemagne, on va vous en accorder quatre !» Les gens de la FIFA auraient pu être impressionnés par l’accueil réservé aux Verts à Alger. Mais ils ne regardent pas les télés algériennes, sinon ils n’auraient pas compris qu’un pays puisse fêter une équipe qui n’a gagné qu’un seul match sur quatre ! La FIFA n’a pas encore retenu dans son vocabulaire l’expression «défaite honorable» ou «perdre avec les honneurs». Elle sait, comme je sais, que les honneurs et les points vont toujours aux vainqueurs. Et maintenant, il faut peut-être dire à ces héros d’un jour : «Merci pour le plaisir que vous nous avez donné mais, la prochaine fois, pensez aussi à gagner vos matches.» Voilà un défi majeur pour le nouvel entraîneur : faire redescendre les Verts sur la planète Terre… car pour le moment, ils planent et les vents favorables les poussent dans la mauvaise direction : vers le Qatar !
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L’histoire de Christophe et Mohamed

Par Maâmar Farah
Un jour, M. Christophe Kristofer décide d’investir en Algérie. Oh ! Pas grand-chose ! Juste un petit atelier pour monter des appareils. Mais ça rapporte gros. Son affaire marche bien. Il est content.
Quelques années plus tard, le gouvernement algérien applique la règle des 51/49 aux investisseurs étrangers. M. Christophe Kristofer se gratte la tête et trouve rapidement l’astuce. D’abord, il va voir l’imam du coin pour lui demander de le convertir à l’islam : il s’appellera Mohamed. Ainsi, Christophe pourra s’associer avec Mohamed, c’est-à-dire avec lui-même ! Mais il lui faudra changer de nom. Il prend la nationalité algérienne et dépose un dossier pour s’appeler Benmohamed. Ainsi, Chistophe Kristofer détiendra 49% des actions et Mohamed Benmohamed les 51 qui restent.
Il y a quelques jours, Christophe Mohamed apprend que la règle des 51/49 allait disparaître pour les secteurs non stratégiques. Il saute de joie et décide de prendre les 100% d’actions. Il le fera au nom de Christophe Kristofer. Et Mohamed Benmohamed, me dites-vous ? Il n’existe plus ! Christophe sait qu’en tant que Christophe, il peut sortir ses devises alors que Benmohamed, n’ayant pas les bras aussi longs que Saâdani, se contentera seulement des dinars ! Voilà pourquoi Christophe a tué Mohamed un soir de juin 2014, juste avant le match d’ouverture de la Coupe du monde…
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Nous avons même réussi à rendre les Japonais nuls !

Par Maâmar Farah
Quand on voit ce qui a été réalisé par les Chinois au niveau des reliefs accidentés, des gorges et des hautes montagnes, on reste perplexe devant la nullité des Japonais qui n’arrivent pas à terminer 87 kilomètres de l’autoroute, sur un parcours plat et sans obstacles du côté d’El-Tarf ! Une seule explication : les dieux de la nature n’ont pas pardonné aux décideurs l’éventrement du parc national d’El-Kala, pourtant protégé par un décret présidentiel. J’ai été sur place et j’ai vu l’immense cicatrice ocre balafrer la verdure de la forêt, causant des pertes inestimables dans la faune et la flore et brisant l’harmonie des lieux. Ne faudrait-il pas profiter du retard actuel et de la probable résiliation du contrat avec Cojaal pour relancer l’idée d’un autre tracé et sauver ce qui peut l’être encore ?
Maintenant qu’il n’est plus utile de courir derrière les bilans puisque la machine à propagande va se reposer durant un autre mandat de cinq ans, la chose serait possible pour peu que le bon sens l’emporte. Et quand on sait que le tracé actuel débouche sur nulle part, ce changement de cap devient vital. Car, en plus du crime contre la nature, il y avait aussi du Kafka… Remarquez que, de l’autre côté du pays, l’absurde n’est pas absent : la belle autoroute épargne la nature mais s’arrête brusquement devant une frontière fermée.
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